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mercredi 24 février 2016

Religieux, et pourquoi ?


Il est toujours difficile de parler d'une vocation. On peut évoquer la forme de vie vers laquelle elle pointe, mais les raisons sont assez mystérieuses. Qu'est-ce qui peut bien habiter quelqu'un et le tourner vers un style de vie plutôt décalé d'avec le modèle commun ?


Immédiatement, ce ne sont pas les bonnes raisons qui apparaissent mais les mauvaises. La peur d'être seul, la peur d'être en couple, la peur d'avoir des enfants, la peur de faire face à un environnement professionnel stable. Il y a un point de vue cynique, assez répandu, qui ne saura juger que par ces critères. Et pas uniquement pour la vie religieuse, mais pour tout le reste : vie de couple, prêtre, célibataire, ... Ainsi, ce point de vu cynique estimera qu'on se met en couple pour ces mêmes raisons ! Cette attitude est caricaturale, cependant chacun porte en lui ces germes d'un doute avec lequel tout est perdu d'avance. Comme souvent, le problème n'est pas tant dans la chose observée que dans le point de vue adopté. Il est des regards qui flétrissent.

Un autre extrême serait de croire qu'une telle décision doit être chimiquement pure : je ne dois être que renoncement, je m'abandonne, je suis parfait. On notera ici combien le terme "je" est récurrent. Même avec la meilleure volonté possible, nous n'avons pas ce détachement, et si nous prétendons l'avoir, cela ressemble beaucoup à du volontarisme (tout faire à la place de Dieu) et à quelque chose d'autocentré.

Ce qui est incroyable dans une vocation, c'est que cet appel se manifeste dans une existence ordinaire, avec ses limites. Et la réponse à cet appel est mêlée de désirs et de peurs. De bonnes raisons et de moins bonnes, pourtant c'est bien là que le Seigneur vient nous parler.

Pour aider à distinguer ce qui relève du désir et de la peur, il s'agit de laisser de la place entre soi-même et cet appel, un espace pour que quelqu'un puisse jouer un rôle de tiers et aider à relire cette expérience. En premier lieu, c'est évidemment au Seigneur auquel il faut remettre cet appel, entendre ce que cet appel devient dans la prière, confier à Dieu nos doutes, nos peurs et nos espérances quant à cet appel.

Dans un deuxième temps, il faut le regard d'un autre, un accompagnateur spirituel ou le prêtre de sa paroisse, ou n'importe quelle personne qui a pour mission dans l'Eglise d'entendre une personne concernant sa vocation. Malheureusement, en parler à un autre, c'est accepter d'entendre que nous ne sommes pas si parfaits que nous l'imaginons, ou que nos limites ne sont pas là où on les imagine. Il y a une sorte de mort à soi à effectuer.

Se reconnaître limité et pourtant appelé par le Seigneur, et voir cet appel confirmé par un tiers, ultimement par l'Eglise, voici un chemin de dépossession de cette vocation. Elle est alors véritablement un appel, c'est à dire quelque chose d'extérieur à soi qui vient toucher au plus intime.

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